Obake
Le projet Obake est une série de sculptures alliant pierre funéraire et verre soufflé. Chaque pièce naît de la rencontre entre un fragment de stèle abandonnée et une forme fluide, presque vivante. L’ensemble évoque des entités hybrides, suspendues entre deux mondes, à la fois ancrées dans le réel et ouvertes à l’imaginaire.
Le projet s’inspire notamment du folklore japonais, notamment des yōkai et obake : ces entités surnaturelles issues d’objets abandonnés ou de lieux chargés émotionnellement. Selon le concept de tsukumogami, un objet utilisé pendant cent ans peut s’animer et devenir un esprit. Cette idée que les choses possèdent une mémoire, irrigue tout le projet Obake.
Les socles de Obake sont constitués de fragments de pierre issus de carrières de l’Est de la France. Je rassemble les rebuts des marbreries : chutes, fragments irréguliers ou sous- dimensionnés, stèles à moitié polies, comme suspendues dans la mémoire double de la pierre et des vivants. Sur ces fragments de pierre viennent se greffer des formes en verre soufflé, aux allures d’organes, de fluides, de tentacules ou de pousses. Le verre, avec sa transparence, sa brillance et sa plasticité, devient le vecteur d’une mutation : la pierre se prolonge et se transforme.
Le verre devient un organe, une excroissance étrangère venue d’un monde parallèle. La pierre, ici, contient et révèle : elle conserve l’empreinte d’un usage funéraire, elle cristallise la mémoire collective. Ces formes oscille entre le familier et l’étranger, ce sont des créatures qui habitent la nature.
Obake propose une réflexion sur la transformation, la régénérescence et la résilience. Chaque sculpture devient une créature liminale : ni tout à fait minérale, ni tout à fait organique ; ni figée, ni mouvante. Les œuvres questionnent les frontières entre matière morte et matière vivante, entre l’abandon et la réinvention.
Cette œuvre s’inscrit dans une réflexion plus large sur la mémoire des matériaux, et la capacité de l’art à ouvrir des passages entre les mondes.